Sauve qui peut « intellectuel » général. Contre tout bon sens, contre toute tentative de penser une pratique médicale issue d’une longue histoire, héritée sans doute mais également portée par l’ensemble des forçats de la médecine qui ont œuvré depuis la Libération à la mise en place de la santé publique et commune financée par la Sécu.
Ou sont nos médecins? Ou sont passés ceux qui ont en charge la santé publique ?
On en a bien vu passer quelques uns, de sortie de garde, avec leurs bavettes, un peu énervés, un peu hagards. Philippe Juvin par exemple qui déplore le manque de préparation de l’hôpital face au Covid. En tant que chef de service d’un certain âge et par ailleurs député LR de Colombes, c’est quand même étonnant qu’il n’ait rien vu venir concernant l’état de dégradation de l’hôpital public.
On a bien entendu le fringant Douste qui s’étonne, lui aussi, de l’état général de la santé en France. Un ministre-médecin qui comprend si peu, c’est quand même dommage.
On a bien croisé aussi quelques professeurs nous mettant en garde sur l’interdiction de prescrire, d’interview en interview, traitée comme l’expression d’une opinion qui en vaut bien une autre. Et puis on a vu tous ces spécialistes, experts, mi-diplômés en médecine, mi-politiciens en service commandé. Martin Hirsh qui sévit depuis de longues années déjà dans les couloirs des ministères, reconnu par tous les « vieux de la vieille » comme notoirement incompétent mais toujours bien présent. Le fameux « médecin de Rennes » (dixit Sud-Ouest) qui porte plainte contre Raoult pour charlatanisme. Il est fameux Pierre Tattevin, oui en effet, puisqu’il dirige la SPILF.
Le virus qui les atteint est idéologique, ça fait longtemps qu’il les ronge mais là c’est le stade final de l’embolie cérébrale.
Tout ce chœur de pleureuses aux masques grimaçants auquel répondent nos héros gouvernementaux par un récitatif lancinant et menaçant nous ferait devenir chèvre ! Entre les Brahmanes du vaccin, les prescripteurs de méditation, les pros de la téléconsultation en ville, les inlassables prescripteurs d’opinion, les tenants de l’immunité collective en loucedé … J’allais oublier l’inénarrable Blachier, mon préféré. Sa morgue, son jeunisme exalté, son mépris pour le populo… C’est simple, il pourrait facilement se faire passer pour un « thatcherite » de la plus belle espèce, si seulement il osait porter un costume rayé sur les plateaux.
Et puis, les recommandations pour débiles mentaux (tousser dans votre coude), les cartes de France colorées, le vaccin salvateur qui arrive, les mesures ubuesques préconisées, chloroquine interdite-remdesivir gratuit…
Bref, allez vous y retrouver dans tout ce bordel !
Tout, absolument tout, est fait pour invisibiliser l’essentiel : l’absence de planification médicale, le manque de prise en charge des malades, le délabrement des hôpitaux, l’inexistence d’une politique globale cohérente sur le traitement de cette épidémie, l’absence de pédagogie en matière scientifique et médicale. Et ce tout, suinte le mépris de classe. Complotistes avérés et Décodeurs en chef : deux faces d’un même euro, d’un même dollar ou d’une même livre.
Quant à réduire les capacités médicales au nombre de lits de réanimation, c’est tout simplement une aberration. Autant, il est devenu évident à la faveur de cette crise, même pour les libéraux les plus obtus, qu’il est urgent de refuser une gestion de l’hôpital « à flux tendu », la santé des populations n’étant pas un terrain de jeu pour managers ; autant il est absurde de réduire cette même santé publique à un nombre de lits d’accueil en réanimation. La réanimation n’est pas une médecine, elle est un soin d’urgence quand tout le reste a échoué.
Finalement, je trouve les populations laborieuses patientes et compréhensives. Un peu perdues certes, un peu déprimées, mais patientes. Elles continuent de bosser, dans des conditions qui empirent chaque jour. Je ne vois pas des moutons, je vois comme Guillaume, une « mer qui moutonne ». Et qui fait le gros dos, comme elle peut. Je vois des gens industrieux. En tout cas du côté le plus nombreux de ceux qui se structurent au travers de leur production.
Pas de cours de chimie, rien sur les molécules au programme télé de ce soir ? Rien d’inéluctable, la distillation est une conquête majeure de l’humanité, le savoir médical et sa pratique aussi. Et ce ne sont pas les brevets de quelques affreux qui pourront les contenir éternellement. Nos élites auto proclamées, si elles s’intéressaient vraiment aux populations qui les nourrissent, seraient étonnées
de la ressource du commun. A l’heure d’internet, elles auraient même du souci à se faire.
Évidemment, il y a tous ceux qui perdent les pédales, perdus dans ce carrefour, ou plutôt rond point, sur lequel déboule notre belle société « libérale-libertaire ». Tous ceux qui ont oublié leur gilet jaune : post soixante huitards déconfits, essentialistes distingués, malins du système essayant de négocier un dernier virage, couches moyennes en phase de décompensation, escrologistes agrippés à leur croyance apocalypstick. Bref, tous ceux qui préfèrent se raccrocher à leur délire plutôt qu’à leurs camarades d’infortune puisque la seule chose qu’ils ont bien compris c’est le « in » privatif qui les éloigne de leur fortune, soit de leur destin. Il n’ont toujours pas compris du tout que le destin est commun puisqu’il est humain.
En gros, il s’agit de ceux qui ne veulent rien savoir de la lutte des classes qui, elle, roule bien au diesel.
Mais il faudra bien qu’ils s’y collent, d’un côté ou de l’autre. Incrédules mais pas encore complètement idiots. Tout de même, on leur a payé des études, des sinécures, ils en ont bien eu, une part de la plus value collectivement produite. Ils doivent bien voir un rai de lumière depuis leur canapé, ils vont bien finir par se faire rattraper par leur inconscient de classe… Le déni ne peut pas durer toujours. Ou alors il se transforme en cancer, et alors tant pis pour leur « ineffable singularité ».
Tout de même, tous ces efforts pour faire à toute force partie du troupeau…des bergers et comprendre qu’il n’y a pas de berger. C’est idiot. Il y a longtemps que le berger s’est fait bouffer par le loup. Et quand bien même le loup aurait nassé le troupeau, en bord de falaise, il est seul ou presque. Ses copains à lui, ce sont des loups aussi. Ils ont les même dents et les mêmes appétits. A la fin du processus de concentration du capital, il y aura peu de loups et encore un troupeau – ainsi va la lutte des classes-, lequel troupeau est très têtu quand il a faim.
C’est juste un mauvais moment à passer et, à la fin, le loup du capital se fera bouffer. Par des moutons. La honte quoi…
Allez, encore un effort camarades, le tout maintenant, c’est qu’il y ait le moins de moutons possible qui tombent dans le ravin. Même si parfois, vous avez quand même envie d’en pousser un ou deux par dessus bord. Parce que c’est vrai, ils en ont quand même torturé des messagers, en toute impunité et en troupeau.