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L’influente ritournelle des rapaces affiliés m’Onfray

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L’influente ritournelle des rapaces affiliés m’Onfray

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“On a tous entendu ces vieilles femmes qui disent : « Oh, comme c’est AFFREUX cette jeunesse qui se détruit avec toutes ces drogues ! C’est terrible ! » Et puis tu regardes la vieille peau : sans dents, sans yeux, sans cervelle, sans âme, sans cul, sans bouche, sans couleur, sans nerfs, sans rien, rien qu’un bâton, et tu te demandes ce que son thé, ses biscuits, son église et son petit pavillon ont fait pour ELLE.” Charles Bukowski, Contes de la folie ordinaire.

Il est déconcertant qu’une pintade de ligue de vertu ait pu faire carrière sous le masque d’un libertaire épicurien. Hier, on soulevait un sourcil lorsqu’il nous soumettait les plats-[itudes] sympathiques d’Albert Camus comme autant de délices dionysiaques et solaires. On s’est plus tard inquiété de voir la Mère Michel virer sa cuti en dîner de famille, alors qu’il délaissait son tricot libertaire au profit de pelotes de laines réactionnaires, et que son anticommunisme infantile tournait au civilisationnisme gâteux. 

On est enfin gêné d’assister au spectacle de ses derniers jours. Accoudé à son déambulateur girondin, Michel donne le vertige à ses aides à domicile en leur marmonnant de graves incongruités sur la mécanique quantique à l’œuvre dans les bulles de savons. 

Avec cette pédanterie qui est sa marque de fabrique, Onfray nous explique que la physique quantique “reste encore à démontrer”(!), tout en ajoutant qu’elle “existe” (?)  tout en étant “une hypothèse de travail”, sans oublier de conclure que « quand on aura des ordinateurs quantiques on pourra dire que la mécanique quantique a produit des effets ». De quoi étrangler d’horreur le bon sens le plus élémentaire.

Quand Onfray lâche la rampe et part tout schuss sur les incidences climatiques des bulles de savon.

Que reste-t-il de Michel Onfray ? D’abord, une méthode. Quand il s’attaque à un auteur, l’homme se fait fort de ne pas écrire une seule ligne sans avoir inspecté les œuvres complètes, la correspondance, les post-it, les tickets de caisse et la garde-robe. Souvent, quelques assistants sont mobilisés dans l’aventure,  à la BNF notamment, comme autant d’esclaves que le narcissisme repus de son égo ogresque sous-traite.

Sa vie, son œuvre, un hommage immortel au Vaudeville de ce Tout Paris qui n’en est rien. Celui-là même que Michel aplatit depuis vingt ans de son rouleau à ratisser large. En pseudo provincial de service à la disposition des métropoles médiatiques, il se rend chaque mois à Babylone, maquillé comme un camion volé. 

Se voulant insaisissable, le trou normand est une béance sableuse qui se refuse aux règles élémentaires du concept. Le fait de ne rien argumenter le préserve toutefois de la critique : on n’a jamais rien à opposer au vide logique.

Le traitement des catégories fondamentales de la pensée, Onfray n’en a cure. Il s’est fait l’apôtre d’un existentialisme discount, et pour lequel il faut désapprendre à philosopher pour mieux surfer sur les opportunités éditoriales d’un milieu sclérosé. A l’heure du bilan, cette parodie d’homme aura bel et bien passé sa vie à ferrailler contre des épouvantails dont la paille ne rend aucun coup. 

Car, à l’écouter, la Mère Michel vit dans une France incroyable. Celle-ci est jacobinisée de toutes parts. A chaque rue Albert Camus s’érige une impasse où vous guette un stalinien fanatisé par des millions d’heures à lire Saint-Just et Robespierre. Aussi, comme chacun sait, il n’y a pas en France la moindre gauche pensable en dehors du marxisme, cet horizon idéologique commun à Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg et Yannick Jadot. Mieux encore, il est tout à fait notoire que les sartriens forment le groupuscule intellectuel le plus influent de l’hexagone. Ceux-là détiennent plus que jamais les clefs du Monde, de Libération et des universités, et leur strabisme nocturne condamne à mort la moindre contradiction. Si vous ne le saviez pas, on vous l’apprend. N’écoutant que son courage, il a pourtant suffi à Michel de brandir “l’Homme Révolté”, comme une gousse d’ail ou un crucifix, pour que ceux-là s’en retournent en feulant à leurs cercueils hégéliens. 

Qu’il doit être doux de vivre soixante ans en arrière pour faire le trottoir avec la moue rebelle. 

Comme toujours, la satire est en deçà de la réalité, et on recommande cet extrait de 2012, où on vous expliquera comment les sartriens dirigent le milieu germanopratin (!). 

Michel Onfray est la Tatie Daniel du mouvement social. Démoulé par des Nouveaux Philosophes dont il a su se détacher au moment le plus éditorialement propice, l’homme est conscient qu’il lui suffit de dire que BHL est un imbécile pour passer pour un grand impertinent. Sa stratégie ? Parler fort, doctement, donner des leçons à la Terre entière, évoquer son père ouvrier agricole et sa mère femme de ménage comme autant de trophées de chasses, puis se lâcher sur toutes les ondes. 

Belle garantie de succès que de savoir manier son origine sociale comme un argument d’autorité, combiné à une désignation affolée d’ennemis évaporés depuis des décennies. Et puis, surtout, cela fait, prendre des postures de forteresse assiégée sur les plateaux télévisés, avant de suivre la pente du béguinage le plus plat. Voilà tout le nerf de la contre-méthode de la contre-critique de la sous-histoire des idées de cet âne batée.   

Bon nombre de trotskistes notoires ont eu leur arc biographique, du maximalisme révolutionnaire au mitterrandisme, avant d’échouer sur les rivages d’un néo-conservatisme assujetti à l’impérialisme social-démocrate. Onfray lui, toujours laquais, a le sien propre, du néo-gauchisme nietzschéen au souveraino-nietzschéisme grognon. Exemple ?

“La négativité de Mai 68, l’est dans la mesure où l’œuvre reste à accomplir et n’a pas été terminée.” (Politique du Rebelle). Il précise ailleurs sa pensée, d’une infinie richesse dialectique : “Mai 68 procède d’une pulsion de mort puissante contre tout ce sur quoi reposait la civilisation judéo-chrétienne. Pour aller vite, disons contre le travail, la famille, la patrie. Il n’y eut aucune valeur positive créée pour remplacer ces valeurs devenues caduques : oisiveté, pédophilie et narcissisme ne sauraient permettre la création d’une nouvelle civilisation !”.

Entre deux délires paranoïaques, notre mémère du concept a su accomplir l’œuvre inachevée de cette pulsion de mort en rédigeant des atrocités dignes des pires fortune cookies : 

“On a, c’est bien, on n’a pas, c’est bien aussi, on avait et on n’a plus, c’est encore et toujours bien”.

“Chacun conçoit qu’inscrit dans le temps, il subit ses effets et vieillit.”

“Seule une bonne et belle vie, bien remplie, bien pleine, pas ratée, permet d’aborder sereinement la mort.”

“La participation de Camus à la Résistance prouve par les faits que la théorie hégélienne est fausse et dangereuse.”

“Les bibliothèques ne servent qu’à cela : offrir des occasions de méditer, penser, réfléchir sa vie, son existence.”

“Jésus ne fut rien d’autre qu’un concept car les concepts ne crachent ni ne toussent, ne pètent ni ne rotent.”

Arrêtons-là la dysenterie des poncifs. Jadis, Onfray feignait d’être concerné par le Nouveau Parti Anticapitaliste, avant de défendre un capitalisme post-anarchiste, prélude à son apologie renfrognée du capitalisme tout court (pourvu qu’il soit contractualiste et libertaire!). Récemmment, on a appris, avant rétractation mondaine, que le Onfray n’excluait pas de voter pour le Z, le nouveau méchant de la série B française. Sa condition ? Que celui-ci “muscle son bras gauche”, à grands renforts, sans doute, de protéines proudhoniennes. Onfray cabote : on ne badine pas avec Zemmour.

Notre normand n’a peur de rien, surtout pas des contradictions. Démissionnaire en 2002 de l’Éducation Nationale pour son culte prétendument autoritaire de la notation, il explique, vent debout contre l’infâme verticalité : « J’adore mes élèves mais j’en avais marre de la police de l’Education nationale ». Dont acte. 

Dix-huit ans plus tard, le 9 juin 2020, le canari des nantis a rédigé un tract obsédé par l’idée d’embastiller de larges tranches d’une jeunesse débauchée et tapageuse (Courage Macron!). Il s’agit d’un Éloge, sans doute encore libertaire et contractualiste, de la police, et certainement expliquée à sa grand-mère, par une grand-mère, pour les grand-mères. On y apprend, entre autres hallucinations digne d’une cystite carabinée, que “Nous sommes en régime communautariste et racialiste qui a choisi pour ennemi le mâle blanc hétérosexuel”.  

Soucieux d’assurer l’inaliénable droit de sûreté de sa maison de campagne, le voilà de conclure : “Le pouvoir sait que la police, idem avec l’armée, est loyale et ne retournera pas ses armes contre lui. Mais jusqu’à quand? Le jour où cette guerre civile que fomente le pouvoir aura envahi les rues, on saura répondre à cette question”.

Zemmour ou Le Pen à l’Elysée, voilà qui demeure encore improbable. Mais, allez, on ne sait jamais, on peut toujours cauchemarder! Cerise sur le gâteau néofasciste : imaginez Michel juché sur son trône percé à l’Elysée où il peut à loisir, interdiction de rire, disserter sur le marxisme triomphant, recouvert d’un plaid, tandis que les fractions les plus héroïques du prolétariat sacrifient leurs yeux, leurs mains, leur confort de vie et leur santé mentale, à l’épreuve d’un appareil coercitif inféodé à la survie de la classe capitaliste.

Il aurait toutefois tort d’oublier que s’il n’y a que les arrivistes pour arriver, ceux-là s’accrochent aussi parfois à d’autres choses que des strapontins bourgeois. Comme des lanternes. Expérience de pensée, l’imaginer entre deux aéroports, les valises chargées des droits d’auteurs de ses plus de 115 ouvrages publiés, hagard, écartelé sur le Tarmac entre le boeing Start-up nation et le boeing Z0ZZ , à l’aéroport République de l’Ordre, départ imminent.  

Tic, tac. Quel choix Michel ?  Bientôt la Masse, bientôt !

Post-scriptum totalitaire et nocturne : 

  • Lire cet auteur anarchiste, Michael Paraire, qui a écrit un ouvrage remarquable contre Onfray ou, bien plus justement, qui a sacrifié son âme sur l’autel du négatif pour enterrer définitivement cet adversaire implacable de la race humaine. Résumé: “Michel Onfray se croit anticonformiste, mais il n’est qu’un mandarin adulé, un auteur simplement prolifique qui prétend tout lire des autres avant de les clouer au pilori de ses psychanalyses existentielles. En réalité, une fois passée au crible d’une lecture détaillée, son œuvre s’avère fautive, partiale et répétitive.
    Comme on pourra le lire dans ce livre, elle vit sur une imposture intellectuelle qui se nourrit de contre – sens philosophiques, tire sa vitalité de la dénaturation des faits historiques et d’une lecture mythologique des textes. Onfray est habité par l’obsession d’être exceptionnel, au cœur d’une solitude revendiquée. Si l’individu absolu qu’il croit être n’existe que dans ses rêves d’aristocrate nietzschéen, en revanche, ce qu’il est devenu, au fil de ses pages, c’est un antidote contre l’action collective, un vaccin préservant le système dominant de tout changement politique et social. Au lieu de tenir son poste de penseur au milieu des groupes en lutte, il semble jouir de sa position de donneur de leçons, délivrant des certificats de bonne ou de mauvaise conduite, qu’il accorde au tribunal d’un anarchisme qui n’est que de salon.
    Ayant épousé la philosophie postmoderne en secondes noces, il découd, déboulonne, déconstruit l’acte même de penser rationnellement et scientifiquement. Onfray est là pour nous faire perdre du temps. C’est une machine à désespérer et à diviser dont ce livre décrit les mécanismes et le fonctionnement”. https://www.furet.com/livres/michel-onfray-une-imposture-intellectuelle-michael-paraire-9782361940188.html 
  • Quand Michel Onfray dégage libertairement Michael Paraire d’une conférence, en menaçant de rejoindre sa compagne cancéreuse, ce qu’il ne fait pas, soucieux de sacrifier son devoir conjugal à la péroraison : https://www.youtube.com/watch?v=miQ9HK8v3kI 
  • Deux superbes articles de l’anarchiste Jean Pierre Garnier sur Onfray : https://www.monde-diplomatique.fr/2012/03/GARNIER/47510 https://www.cairn.info/revue-l-homme-et-la-societe-2012-1-page-261.htm 
  • Quand Onfray répond à un hégélien (trop) courtois. 
  • Onfray, maître de la bourde et du manichéisme :

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