“Bien creusé, vieille taupe!” Karl Marx, le 18 brumaire de Nicolas Bonaparte.
“L’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre, car, à regarder de plus près, il se trouvera toujours que le problème lui-même ne se présente que lorsque les conditions matérielles pour le résoudre existent ou du moins sont en voie de devenir”. Karl Marx, préface à la critique de l’Économie Politique.
On prête à Freud l’idée que les instincts de morts travaillent en silence. Si tel est le cas, il faut croire que le silence, c’est fini. Ou, du moins, que “la vieille taupe” a si bien travaillé ses galeries que tous les progrès faits en art, en production et en science, sont menacés d’extinction. Car voilà que l’humanité s’est réveillée sous le choc, comme diagnostiquée d’un cancer, en apprenant ce 27 février 2022 que sa vitrification par le feu nucléaire fait désormais partie du champ du possible, sinon du probable.
Trente ans après avoir scalpé l’Union Soviétique dans le pire déshonneur, le bilan du capitalisme mondial est pitoyable. A bout de souffle, le Wind of Change is running out of change, et il ne peut plus échapper à la loi du dur paiement comptant. Bien loin d’avoir éprouvé la sérénité habermassienne des libéralismes communicationnels, notre Monde n’a pas connu une seule année sans crises financières, sans guerre, sans terrorismes transnationaux, sans famines, sans Troïka, sans FMI et tutelles budgétaires, sans violations du droit international, sans exploitations des Afriques, sans manoeuvres des assassins financiers du Pentagone et de la CIA, sans rapines moyenâgeuses, sans croisades contre “L’Axe du Mal” et épurations ethniques dignes des pires accumulations primitives.
Si c’est désormais à l’invasion décrétée par Vladimir Poutine que se suspendent toutes les angoisses, il ne s’agira pas ici de produire de la connaissance ou de la science sur l’Ukraine, ce que bien d’autres ont fait ailleurs avec minutie et précaution. Il s’agit seulement d’avancer quelques propositions de conduites à tenir dans un tel déluge contre-révolutionnaire, et fournir des observations à partir desquelles le mouvement ouvrier puisse tirer son épingle d’un Jeu si dangereux. A ce titre, les six points qui suivent constituent une modeste contribution à l’heure où les élites occidentales sont sous l’emprise d’un unanimisme paniqué et destructeur :
1- Bref rappel : le 11 septembre 2001 a servi d’alibi au bloc militaire Occidental pour répandre la mort et la destruction en Irak, en Lybie, en Syrie, au Yémen et dans bien d’autres pays. Cela s’est fait avec tant de violations du droit international que ce cadre de régulation n’est plus qu’une coquille vide, et sans légitimité. Les saloperies des uns ne sauraient jamais justifier celles des autres, mais ce préalable est à garder en tête si on veut retracer ce qui a conduit à un tel Far West géopolitique : car à quoi bon respecter un droit que personne ne se donne la peine de respecter ?
2- Comme l’écrivait Paul Valéry, une guerre n’est jamais qu’un “massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas”, et les enfants des classes laborieuses n’ont jamais d’intérêt objectif à mener entre eux les boucheries suscitées par les rivalités impérialistes. Il faut le dire et le redire : il n’y a pas, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de guerre propre.
3- Dans l’hypothèse où la France, dans le cadre de l’OTAN, entrait en guerre ouverte avec la Russie, il nous faudrait, en tant que français, méditer les principes du défaitisme révolutionnaire théorisés par Lénine et Zinoviev : citoyen d’un pays impérialiste, l’ennemi est dans ton propre pays, et le combat de classe est d’abord une guerre à “leur guerre”.
4- L’actuelle propagande otanesque adepte d’une démonisation psychologisante de la figure de Poutine n’explique rien du conflit de haute intensité en cours, qui doit bien davantage à l’extension délirante des frontières de l’Otan aux portes de la Russie, à l’enjeu de l’approvisionnement en gaz de l’Union Européenne et à la façon irresponsable par laquelle les USA ont excité le nationalisme ukrainien alors que, comme l’écrit Edgar Morin (auteur peu susceptible d’être au chevet de la lutte des classes), les USA “ont incité l’Ukraine à la fermeté tout en sachant qu’ils l’abandonneraient militairement en cas de guerre”.
5- La paix mondiale ne pourra se perpétuer que dans le cadre d’un nouvel ordre international libéré de l’impérialisme messianique des Etats-Unis. Il est du devoir de l’humanité de balayer définitivement l’obsession du profit et la tyrannie mafieuse des grands consortiums mondiaux, qui nous mènent à l’abîme.
6- Pour finir, comme le disait le vieux Karl, il importe que tous les prolétaires du monde s’unissent : ils n’ont toujours à perdre que leurs chaînes quoique, cette fois, ils ont non seulement un Monde à gagner, mais à sauver.
Que vive le communisme pour que vive la Paix!